Si tu ne connais pas The Dizzy Brains, lâche tout maintenant et va taper leur nom sur YouTube ! Je peux t’assurer que ce groupe vaut le détour ! The Dizzy Brains c’est du rock malgache avec une énergie punk débordante qui déchaîne les foules et des paroles revendicatrices voire censurées. Nés dans un des pays les plus pauvres et corrompus de la planète, les Dizzy Brains se sont fait connaître lors des Trans Musicales de Rennes en 2015, et depuis leur rock ravageur fait fureur dans l’Hexagone. Entre corruption, pauvreté et violences, leurs morceaux chantés en malgache, ont trouvé leur place auprès du public français, marocain et même coréen. 

J’ai rencontré Eddy, chanteur et leader du groupe, au festival Rio Loco 2017 à Toulouse et il a bien gentiment voulu répondre à mes questions. Entre rock, droit de l’Homme et Madagascar, le jeune malgache a parlé à cœur ouvert. Je te laisse découvrir cette interview poignante pleine de force, d’émotions et d’espoir.

Les Trans musicales de Rennes on été un tremplin pour nous

Depuis les Trans musicales de Rennes, la presse commence à vous connaître et à parler beaucoup de vous, comment arrivez-vous à gérer cette nouvelle notoriété ?

C’est vrai que depuis les Trans Musicales de Rennes on commence à parler de nous un peu partout. Ce fût vraiment un festival tremplin pour nous. Comment on vit cette notoriété après les Trans ? On le prends comme tel en fait, dans nos têtes on reste toujours ces Dizzy de notre pays. Je dirais qu’on le vit bien parce qu’on sait d’où on vient et qu’il faut toujours rester reconnaissant de cette source qu’on a eu, d’où l’habitude d’avoir toujours les pieds sur terre et la tête sur les épaules.

Depuis quand vivez-vous en France ? Comptez-vous retourner à Madagascar ?

On est France depuis l’année dernière, grâce à notre première tournée mais n’empêche qu’on fait la navette entre Madagascar et la France. La France nous a en quelque sorte adoptée mais notre cœur reste quand même à Madagascar du coup depuis on fait le va et vient après chaque tournée.

Ce qui nous a le plus marqué en France, c’est le public français.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué à votre arrivée en France ?

Ce qui nous a le plus marqué à notre arrivé en France je dirai en premier lieu que c’est le public français. En arrivant ici, direct on a joué devant des français (en majorité) donc on a vu qu’il y avait une grande différence par rapport à chez nous, à Madagascar. Ici le public sait à quoi il s’attend, il sait à peu près à quoi ça va ressembler parce qu’ici vous avez eu une certaine éducation à la musique, donc au fond il y a un amour pour ça. Chez nous on est trop en retard face à l’éducation culturelle, donc toujours en découverte face à une chose qui lui est totalement méconnaissable, du coup ça prend du temps (voire jamais). Mais ils vont finir par aimer à défaut cette éducation incomplète.

Conquérir un nouveau pays est-ce une de vos prochaines étapes ? Si oui, lequel vous attire ?

On a eu la chance l’année dernière de jouer dans différent pays, comme la Corée du Sud et Maroc. Cette année, au début de la tournée on a joué au Pays de Galles, qui aussi est un berceau du rock incontesté. Ces pays, pour nous, on tous été des pays où on a pu jouer des concerts mémorables avec toujours un public en feu, même au Maroc qu’on croyait être un pays comme Mada, pas du tout dans le mouvement rock. Prochainement on va jouer au Canada, qui pour nous est un pays de référence aussi côté musique mais cette année on voudrait bien au Japon, ou l’année prochaine. C’est un rêve.

On a eu envie de nous évader, de nous enfuir pour mieux exister.

Pourquoi « Out Of The Cage » ? Y-a-t-il un message à faire passer à travers cet album ?

Le titre de l’album n’a pas été choisi par hasard, c’est un morceau dans l’album qu’on a composé ensemble pour en quelque sorte marquer notre sortie de Madagascar. C’est notre pays, on le garde dans le cœur et on l’aime d’un amour inconditionnel. Depuis tout petit on y vivait, sans jamais avoir eu l’occasion de sortir, mais avec le temps quand on a compris qu’on voulait s’y évader. En voyant tout ce qui se passe dans ta maison, tout le bordel qu’il y a, tu n’as pas d’autre choix que de rêver mieux, et à un certain moment tu sens que tu deviens prisonnier, dans l’incapacité à faire face à un système pourri jusqu’à la moelle. Du coup on a eu envie de nous évader, de nous enfuir pour mieux exister. Et on en est sorti. D’où le morceau ‘Out Of The Cage’. Le message c’est de faire comprendre aux gens qu’ils sont maîtres de leur destin, que le destin ça se construit et ça se cherche, et qu’il ne faut pas rester là à subir ce qu’on te donne.

Jusqu’au bout on servira notre pays, Madagascar, pour que ce soit un pays libre.

Cette énergie punk que vous dégagez sur scène déchaîne les foules. Est-ce c’est un moyen pour vous de dénoncer au monde entier les injustices qui se produisent à Madagascar pour que les choses changent ?

Pour nous c’est avant tout un moyen de se libérer, de partager notre colère, notre rage pour que les gens comprennent vraiment ce qui se passe dans notre pays. Après c’est pour prendre le flambeau de représentant de Madagascar en divulguant tout ce qui se passe, en annonçant les maux du pays, et être en quelque sorte les porte-paroles des malgaches. De ces malgaches qui n’ont pas le droit à la parole, de ces malgaches qui meurent de faim, de ces malgaches qui rêvent de liberté. Nous on a eu le privilège d’avoir pu remédier à tout ça en sortant de Mada, et jusqu’au bout on servira notre pays pour qu’un jour ça soit un pays libre dans tous les sens du terme. Si on dit qu’on est des punks parce qu’on voit qu’on veut que du bien, que du constructif, alors oui on l’est. On a jamais été des opposants, mais des résistants oui, on l’est.

PHOTO : © RIJASOLO

Sachez que Madagascar est un pays qui souffre !

Vous avez maintenant dépassé les 15 000 likes sur Facebook. Votre fanbase s’agrandit de jour en jour, avez-vous quelque chose à leur dire ?

C’est vrai que c’est important qu’un bon nombre de monde nous suive et prenne contact avec nous à peu près tous les jours. Ça fait chaud au cœur et on se dit qu’au moins on nous écoute et qu’on nous comprend. La seule chose qu’on puisse dire, aux malgaches avant tout c’est que l’espoir n’est pas mort, on peut toujours espérer mieux et que derrière une ombre se cache une lumière, mais qu’il faut se battre pour la trouver. C’est de ça que les Malgaches ont besoin, qu’on leur dise qu’il y a encore de l’espoir, qu’on les fouette un peu pour enfin sortir du fatalisme qu’il y a tous les jours. Et pour le reste du monde, que ce soit Français, Anglais, Coréen,… du moment que c’est pas des Malgaches, sachez que Madagascar c’est un pays qui souffre, que c’est un pays où tous les compteurs sont dans le rouge, que c’est un pays qui se bat à 1000 à l’heure tous les jours pour remplir sa gamelle le soir, que c’est pas un dessin animé, qu’on a besoin de vous pour s’en sortir, que toutes les aides sont les bienvenues, parce qu’à nous Dizzy tout seul on y arrivera jamais, on a besoin de vous.

© Romaric Pouliquen

Je remercie encore une fois Eddy pour cette interview émouvante et engagée envers son pays. J’espère que pour ceux qui ne le savais pas, ont pu prendre conscience des conditions de vie à Madagascar à travers cet article, et je t’invite à écouter la musique des Dizzy Brains ! 

xoxo Cindy


ON SE RETROUVE SUR PINTEREST ? 

Voici les images à épingler pour retrouver mon article plus facilement. Encore plus de photos sur mon compte Pinterest

2 Comments

  1. Super intéressant comme groupe ! j’adore l’ambiance Garage punk qui s’en dégage ! Je vais suivre ça de plus près. Merci pour cette découverte !

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